témoignages + 2008 Aout 25 - Mojoca adentro
Je reviens d’un séjour d’un mois au Guatemala qui m’a donné la chance de découvrir le Mojoca, cette fois, de l’intérieur. Mes impressions? Un accueil chaleureux et curieux: «d’où tu viens, tu fais quoi, comment tu rentres dans ton pays, en bus?»
Je vais à la Casa de los Amigos tous les matins, j’accompagne les équipes dans la rue, on va à la rencontre de ces jeunes qui ont fait de la rue leur domicile et de leurs compagnons d’infortune leur famille. Des activités bien préparées, autour d’un thème, rassemblent les jeunes sur une petite place, des marches d’escaliers, un trottoir ou un banc. On discute, on s’anime, on écoute aussi, c’est sans doute le plus important. On termine par une petite collation et une invitation à nous suivre jusqu’à la Casa: «Viens laver tes vêtements ou prendre une douche…» Certains nous suivent, parfois, et d’autres restent prisonniers du solvant qui leur fait oublier la faim ou la pluie ou l’indifférence, mais ils seront présents au prochain rendez-vous.
Le processus pour sortir de la rue est loin d’être évident, il ne suffit pas de placer les jeunes dans une maison et de les envoyer à l’école, c’est tout un chemin de sevrage, souvent de la drogue mais surtout de la vie dans la rue, oui c’est dangereux, mais c’est mieux qu’une famille maltraitante et les liens qui s’y sont tissés sont difficiles à délaisser.
L’après-midi je découvre les ateliers et là, les efforts du matin prennent tout leur sens; il suffit de lire la fierté dans les yeux des apprentis boulangers qui sortent le pain du four: «tu veux en goûter? Bien sûr, et je vais même t’en acheter, il est délicieux.»
A terme, les ateliers seront des sources de revenus pour le Mojoca, bientôt le pain sera vendu et la menuiserie exécutera des commandes.
Et j’ai rempli mon sac d’artisanat préparé par les jeunes couturières, je ne doute pas que tous ces plumiers et sacoches trouveront un acquéreur belge, quelques euros qui retourneront là-bas, pour alimenter une grande roue de solidarité qui tourne grâce à l’Amitié.
Bénédicte Godefroid