témoignages + 2007 Juillet 5, Gérard
En août de l'année dernière, nous avons fait une grande fête à la maison du 8 mars pour accueillir la "jeune mère de la rue". C'est ainsi que les filles de la maison ont appelé la céramique de l'artiste belge Max van der Linden, que j'avais achetée à Rome en 1967; elle devait représenter Marie et son fils Jésus. Elle a trouvé une demeure fixe à l'entrée de la maison du 8 mars et les filles ne manquent jamais de déposer des fleurs à ses pieds.
Les jeunes de la rue ont besoin de beaucoup de protection ces derniers temps. Des bruits circulent, qui prêtent à la commune de la capitale et au gouvernement, l'intention de déporter les jeunes de la rue en-dehors de la ville pour rendre celle-ci attrayante pour les touristes.
Le Mojoca fait partie d'une commission qui rencontre régulièrement des responsables de la police et de l'armée. Des réunions sont organisées pour leur enseigner comment identifier les policiers et parfois, policiers et jeunes de la rue font ensemble une partie de football, mangent et boivent. Ces policiers sont gentils, bien éduqués, mais dans les faits, peu de choses changent Tout cela n'a pas éliminé les persécutions des policiers, militaires et escadrons de la mort et il est urgent d'ouvrir au plus vite une maison aussi pour les garçons. J'apporterai au Guatemala une autre œuvre de Max van der Linden qui représente le Christ en tunique rouge sur la croix. J'imagine qu'on l'appellera "jeune martyr de la rue".
Maintenant, l'autogestion est devenue réalité. A ma connaissance, le Mojoca est la seule organisation gérée par les filles et garçons de la rue. Glenda, la présidente, a participé à une rencontre internationale organisée par la coopération japonaise à Mexico. Avec 5 voix sur 8, le Mojoca a été choisi pour représenter à cette rencontre la coordination des associations d'enfants de la rue au Guatemala. A Mexico, Glenda était l'unique représentante parmi 40 de pays d'Amérique latine, à provenir de la rue. La même situation s'est reproduite à la fin du mois de mars dans la capitale du Salvador, pour un séminaire latino-américain organisé par l'association hollandaise Cordaid.
Parmi les résultats obtenus par le Comité de gestion, ce qui me semble le plus significatif est l'importance attribuée à l'école : le Comité a voulu que l'école se fasse tous les jours du lundi au vendredi, ce qu'on n'avait pas réussi à obtenir auparavant. Et cette année, 45 filles et garçons du Mojoca fréquentent des écoles extérieures, de l'élémentaire à l'université. A ce nombre, il faut ajouter une bonne cinquantaine de "mariposas" (papillons) qui sont les enfants des Quetzalitas et qui sont inscrits à la crèche ou à l'école élémentaire. Si vous voulez avoir une idée du progrès accompli, il suffit de penser qu'en l'année 2000, même pas 5 jeunes étudiaient. Il faut encore mentionner les 20 à 30 jeunes qui fréquentent chaque jour l'école du Mojoca et de la quarantaine de jeunes alphabétisés dans la rue.
Un autre progrès important au Comité de gestion est l'abolition des punitions, des suspensions et expulsions (excepté les délits) et leur substitution par des travaux d'étude ou de service dans l'un ou l'autre programme.
Cette décision, difficile parce qu'elle contrarie la mentalité autoritaire qui domine le pays, est un pas décisif dans la pédagogie de l'amitié libératrice.
Le Mojoca est un vaste chantier.
Cette année, nous avons initié une profonde restructuration du Mojoca. Nous avons fait faire par un organisme spécialisé, une révision des comptes et une étude de l'administration. Une autre entreprise spécialisée a réalisé une enquête participative sur notre organisation et nous aidera à élaborer des compte-rendus financiers et descriptifs conformes aux demandes des organisations internationales qui financent nos projets. Enfin, Nora Habed, a réalisé une enquête participative sur la pédagogie utilisée dans chaque programme.
Nous avons eu la chance d'engager des personnes bien formées qui pourront assurer une bonne gestion du Mojoca : l'avocate Lucrecia Rosales a été nommée administratrice et s'occupera en outre des problèmes juridiques et de la recherche de fonds. Elle est bien préparée et très motivée. Une semaine après qu’elle avait commencé son travail, on notait déjà la différence dans l’administration. Tobar, qui pendant 4 ans a été infirmière au centre de soins de Médecins sans frontières, pour les enfants de la rue, travaille avec nous. Elle connaît bien les jeunes de la rue, leurs maladies et les centres de santé où ils peuvent être soignés. Enfin, Carlos Castillo travaille dans l'école et peu à peu deviendra le conseiller de la Présidente du Mojoca pour la réalisation des nombreux programmes. Je me suis donné 2 ans pour réaliser ces transformations afin que le Mojoca ait la préparation nécessaire pour aller de l'avant avec ses propres forces.
Une maison pour les garçons
Nous sommes occupés aussi avec l’ouverture d’une maison pour les garçons. Nous avons visité une maison qui pourrait convenir, avec un terrain de basket, à environ 100 mètres du centre social du Mojoca. Là, on pourrait aussi faire le laboratoire de menuiserie, qui fait beaucoup de bruit, poussière et désordre. Nous sommes en négociation pour faire baisser le prix. Il y a encore d’autres maisons à visiter mais avoir un terrain de basket proche du Mouvement est une occasion que nous devons essayer et ne pas laisser échapper.
Nous avons aussi lancé une campagne pour chercher des éducateurs pour cette maison. J'espère que nous réussirons à l'ouvrir vers la fin de juillet.
L'élection d'un nouveau Comité de direction est un autre problème que nous allons devoir résoudre. Don Martin a donné sa démission pour raison de santé et nous devons chercher un autre président. Nous espérons que Lily acceptera au moins pour une phase de transition. Ce serait mieux de diminuer le nombre de membres internes et chercher des personnes externes pour faire partie de ce Comité. Nous voulons un Comité qui puisse fonctionner véritablement et prendre les décisions qui lui appartiennent. Nous voudrions surtout que le Comité de direction puisse chercher des ressources financières ou du matériel ou des volontaires au Guatemala.
Une restructuration du centre social
Nous avons la possibilité d'utiliser une subvention de la coopération japonaise pour réaliser des travaux au centre social qui en a bien besoin. Pour cela, nous devons faire les projets en conformité avec ce que permet la Commune pour le centre historique et les faire approuver par les bureaux compétents de la Commune. J'espère pouvoir présenter la requête à la coopération japonaise pour l'année prochaine.
Elles ont respectivement 20 et 19 ans. Elles vivent encore dans la rue et j'espère que la préparation à ce voyage sera pour elles un motif suffisant pour abandonner la drogue. Je pense qu'elles sont capables d'encourager la solidarité et de faire connaître la réalité de la rue. Et j'espère que leur séjour en Europe pourra les aider à sortir définitivement de la rue et assumer de plus grandes responsabilités dans le Mojoca.