lettres + 1998, Octobre, Protestation pour les violences en Guatemala (lettre annexe en espagnol)

 

ASSOCIATION INTERNATIONALE POUR LA DEFENSE DES FILLES ET GARCONS DES RUES

   

Terra Nuova, via Urbana 156, 00184 ROMA, Tel. 06485534. Fax 064747599, e-mail : difesaragazze@cambio.it

Rome, 29 octobre 1998

Nous t’invitons a envoyer au president, vicepresident, ministre des affaires etrangeres et aux membres du Congres du Guatemala, la lettre de protestation ci-jointe pour exiger le respect des droits humains des filles et garçons des rues constamment violes dans ce pays.

 

 

RAFLES D’ENFANTS ET DE JEUNES DES RUES AU GUATEMALA

 

Nous  exprimons notre profonde preoccupation et notre indignation pour les rafles dont sont victimes les fillettes, garcons et jeunes des rues au Guatemala..

 

Chaque jour les droits des enfants et des jeunes des rues sont violes au Guatemala et les auteurs de ces delits jouissent preque toujours de l’impunite. Cette impunite a ete denoncee a la Commission Intermaericaine des Droits Humains (CIDH), le 8 octobre dernier, par des representants de « Casa Alianza », qui avec  le « Movimiento Jovenes de la Calle”, “CAIMI”, “El Castillo”, “Solo para Mujeres” et “CEDHIC”  participe au « Foro de Proteccion a Ninos, Ninas y Jovenes  de la Calle"», coordination des organisation qui travaillent avec les enfants des rues. On peut lire dans cette denonciation : « A peine 4% des plus de 400 denonciations presentees aux autorites du Guatemala ont abouti a une conclusion. Plus de 195 membres des forces de securite ont ete formellement denonces pour delits contre les enfants des rues, 226 autres devaient etre identifies et on ne sait pas qui d’entre eux appartiennent a des organisations de l’Etat. De mars 1990 a septembre 1998, 51% des 396 cas d’assassinats, tortures et violences dont furent victimes les enfants des rues, soit 201 cas, ont ete classes sans suite parce que la police et le Ministere Public n’ont pas effectue les enquetes necessaires. Plus de 44% des cas sont encore en phase d’instruction, certains depuis huit ans, et a leur tour ils seront probablement classes sans suite.

 

Mais il faut savoir que seulement une minorite des violences quotidiennes que subissent les enfants des rues sont denoncees a la justice. Par exemple, les filles qui sont violees habituellement ne denoncent pas leurs agresseurs, surtout si ce sont des policiers, parce qu’elles ont peur d’eux et sont submergeespar la honte. 

 

Un autre type de violences qui ne sont jamais denoncees : les arrestations et emprisonnements injustifies et illegaux. Dans ces derniers temps la police fait la chasse aux enfants des rues du centre ville de la capitale, les arrete, les fait emprisonner de façon tout-a-fait arbitraire. Dans ce contexte, les mauvais traitements physiques et le manque de respect envers les filles sont tres frequents. Des observateurs dignes de foi  estiment qu’environ 50% des jeunes des rues ont subi cette forme de violence. Le 9 septembre dernier, ce fut le cas pour les jeunes du parc « Concordia », environ deux semaines plus tard ce fut le tour du groupe de la neuvieme avenue, qui, suite a cette rafle, a totalement disparu. Le 8 octobre, presque tous les garçons du parc central ont subi le meme sort, de meme que le groupe du pont (dixhuitieme rue), de la fontaine (parc central). Le 14 octobre c’est la bande du parc Colomb et de nouveau celle du parc « Concordia » qui sont agressees par les menmbres de la police nationale.

 

Il semblerait que le gouvernement du Guatemala, l’administration communale de la capitale, avec la complicite de policiers et de juges, tentent de resoudre le probleme des rues avec un « nettoyage social » radical, en violant de façon systematique les droits fondamentaux de chaque personne humaine, en particulier le droit a ne pas etre arrete, juge, emprisonne si l’on n’a pas commis de delit, qui est ´la base de la d^mocratie. Sous le pretexte de verifier la carte d’identite ou de « scandale sur la voie publique », les jeunes des rues sont de plus en plus victimes de scandaleuses injustices.

 

Nous avons recueilli  des temoignages de jeunes emprisonnes (dont nous taisons les noms, ainsi que ceux des autres jeunes qu’ils citent, pour eviter qu’ils ne soient victimes de represailles). Ces t^moignages confirment pleinement les informations de nos  correspondants au Guatemala.

 

« Cette fois-ci, nous avons ete pris de façon tout-a-fait arbitraire… Nous etions assis dans le parc et vers 15 heures 30, un groupe de policiers se sont approches de nous pour contrôler nos papiers d’identite. Ensuite, malgre le fait que nous ne faisons rien, ils nous ont fait monter dans leurs voitures et nous ont emmenes en prison…. Si on arrete quelqu’un qui fait quelque chose de mal, c’est normal, mais ainsi ce n’est pas juste. Nous sommes dans un etat de grande confusion… ».

 

Nous, les enfants des rues, nous sommes en train de passer une tres mauvaise periode a cause des mauvais traitements des policiers. Nous avons besoin de votre aide, vous pouvez avoir confiance en nous parce que nous sommes des etres humains comme les autres et nous avons les memes droits que les autres ».

 

« Moi,…,  je vous informe que les enfants des rues ont besoin de personnes justes au coeur genereux, parce que la loi du Guatemala nous traite de façon injuste. Je vais vous raconter l’injustice commise le 8 octobre 1998 : ce jour-la, des agents du deuxieme corps de la police nationale civile, ont arrete sept jeunes du parc central de la zone 1. Je pense que c’etait injuste, parce qu’ils n’etaient pas en train de voler ou de faire des choses de ce genre, ils parlaient tout simplement quand eut lieu cette arrestation injuste. Certains revenaient de « Rescate » (maison d’une association), d’autres etaient en train de manger, personne ne volait, mais ils les prirent en disant que c’etait pour un contrôle d’identite, puis ils les jeterent en prison en les accusant de rixe et scandale sur  lavoie publique » :

 

“L’attitude du gouvernement a notre egard nous preoccupe beaucoup parce qu’il nous enferme en prison pour rien. Nous etions assis dans le parc, quand vers trois heures et demie du 8 octobre 1998 un groupe de policiers s’approcherent de nous, ils se mirent a nous fouiller, a nous demander nos papiers d’identite, puis sans que nous  puissions  faire quoi que ce soit, ils nous firent monter dans leurs autos sous le pretexte de contrôlerr les papiers de chacun d’entre nous et voir si nous n’avions pas de problemes avec la loi. Arrives au deuxieme corps de police ils nous ontdeclare en etat d’arrestation. Ce n’est pas arrive qu’a nous, mais aussi a d’autres jeunes des rues. Apres nous avoir arretes, ils nous ont dit que nous devions payer une amende de 250 quetzaltes (40 dollars) ou faire trente jours de prison, Je pense que le gouvernement n’a pas de fonds pour payer les policiers qui nous traitent ains, c’est pour ça qu’ils le font”.

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“Par malheur, j’ai ete pris – c’est la premiere fois – meme si je n’avais commis aucun delit. Figure toi que j’etais en train de dormir au parc Colomb, c’etailt le mercredi 14 octobre a six heures de l’apres-midi quand arriverent les policiers. Ils nous emmenerent sans rien nous demander, ils me dirent seulement de monter dans la voiture, que j’etais un grand voleur. Moi je leur ai presente mes papiers d’identite, mon certificat de naissance, et ça n’a servi a rien. Je leur ai meme presente une declaration de “Rescate” de Casa Alianza qui explique que je n’ai pas de papiers d’identite, que je participe a leur programme. Ca n’ a servi a rien, ils s’en ficherent completement et ils m’accuserent d’ivresse et de scandale”.

 

Deux filles :

 

“Nous etions reunies dans notre groupe du parc Concordia, filles et garcons, lorsque la police fait une rafle et nous prennent A., N.,  M., E. et moi. A sept heures du soir ils nous arretent et a dix heures nous entrons dans la prison “Santa Teresa. Ils ont fait la meme chose avec les garçons, entre autres C., G., L., P., M., J.. Ils nous arretent pour rien parce qu’ils savent que nous sommes de la rue. Certaines d’entre nous ont deja ete prises plus de trois fois de suite.  Ils ne nous disent pas pourquoi avant que nous ne soyonsen prison, ils nous battent (E. a  encore des bleus), ils ne respectent pas notre dignite de femme. Puis ils inventent que c’est pour rixe, scandale sur la voie publique, prostitution clandestine, detention et usage de drogues. A moi ils m’ont attrapee alors que j’etais en train d’uriner…. Il y a eu des rafles dans la majorite des groupes. Ils ont arrete des filles du Central, du Colomb. Puis, ils nous collent un mois de prison”.

 

“Je te raconte que je suis en prison, ils disent que c’est pour rixe, ils m’y ont amenee avec d’autres filles du parc, nous ne faisions rien, si ce n’est d’inhaler du solvant… Nous devrons rester un mois ici”

 

Ces graves abus d’autorite augmente encore davantage la mefiance des enfants des rues envers les institutions de l’Etat, ils blessent profondement leur sens de la justice, ils deteriorent encore plus leur condition et detruisent le travail de formation et de reinsertion sociale accompli par les associations qui travaillent avec eux.

 

Filles et garçons des rues sont sans defense face a ces injustices. C’est pourquoi nous demandons a toutes les personnes eprises de justice de signer et d’envoyer la lettre ci-jointe aux autorites du Guatemala, de recueillir les signatures d’autres personnes, de solliciter l’Union Europeenen et d’autres organismes internationaux, la mission des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA), les associations de defense des droits humains, a exiger du gouvernement du Guatemala le respect des droits des enfants et des jeunes des rues et de subordonner l’octroi d’aides economique au respect de ces droits. Les bourreaux des enfnts des rues doivent apprendre que ces enfants et ces adolescents ne sont pas des enfants de N .N . parce que nous sommes avec eux.

 

Le comite de l’association :

Gerard Lutte, professeur a l’Universite “La Sapienza” de Rome, coordinateur

Bruno Bellerate, professeur a la Troisieme Universite de Rome

Francoise Boucau, enseigante, sindicaliste

Paolo Cento, senateur, Italie,

Carles Feixa Pampols, professeur a l’Universite di Lleida, Catalogne.

Salvatore Gentile, Psychotherapeute, Formia, Italie

Giulio Girardi, professeur emerite, Universite di Sassari. Membre du « Tribunal Permanent des Peuples »,

Jacques Liesenborghs, Senateur, Belgique

Paul Lottefier, cadre, Lille, France

Ezio Ponzo, professeur emerite, Universite “La Sapienza” de Roma

Andre Stuer, pretre, Genappe, Belgique,

Iole Miele, avocat, Roma

Marlon Brenes, avocat, Managua, Nicaragua

Lucia Bruscuglia, licenciee en psychologie, Rome.

Nora Habed, psychologue, Rome

Francois Houtart, professeur Universite de Louvain, Directeur du « Centre Tricontinental », membre du Tribunal Permanent des Peuples

Andre Wenkin Centrede Developpement Rutal, Ansart, Belgique

Michele Najlis, poetesse, Managua, Nicaragua

Domenico Sarra, ingénieur, Rome,

Jorge Navas, professeur, Managua, Nicaragua,

Remo Marcone, professeur, Rome.

Nydia De Franco, philosphe, San Jose, Costa Rica

Secretaire :

Lucia Bruscuglia, psychologue, Rome,

 

L’association pour la defense des filles et garçons des rues a le but de faire connaitre, sur la base d’une enquete serieuse, les violations de leurs droits et d’alerter l’opinion publique internationale pour leur defense. Si tu veux te joindre a nous, envoie nous un e-mail, un fax ou une lettre.

 

LETTRE A ENVOYER AUX ADRESSES ELECTRONIQUES INDIQUEES

 

Si c’est posible, envoie-nous les signatures  par e-mail ou par lettre, Nous consignerons les originaux  a l’Ambassadeur du Guatemala.en Italia. Essaie aussi de faire connaitre la situation des enfants des rues au Guatemala dans les journaux et autres medias de ton pays ou par internet..

 

A los senores

Alvaro Arzu - Presidente de la Republica de Guatemala

AlvaroArzu@guate.net

 

Luis Flores Asturias - Vicepresidente

luisflores@ns.guate.net

 

Eduardo Stein - Ministro de Relaciones Exteriores

mint@mieno.gt

 

Miembros del Congreso de la Republica

mvrodriguez@congreso.gob.gt

 

Con profunda preocupacion nos hemos enterado de los arrestos sistematicos de nin~as y nin~os de la calle llevados a cabo en las ultimas semanas en Guatemala.

 

Fuentes fidedignas nos informan que las fuerzas de seguridad han arrestado y encarcelado a aproximadamente el 50 por ciento de las muchachas y muchachos de la zona 1 de la ciudad capital, y que grupos enteros de jovenes han desaparecido de las calles.

 

En Guatemala no son raros estos arrestos, que con el pretexto de "provocar escandalo en la via publica" se llevan a cabo contra jovenes quienes en realidad no estan realizando actividades ilegales.

 

Estas practicas arbitrarias, resabios de las epocas mas oscuras de Guatemala, constituyen una grave violacion a los derechos humanos fundamentales de nin~as y nin~os que sobreviven en las calles y que no cuentan con ningun tipo de asistencia legal.

 

Rechazamos la nocion de que la carcel sea la solucion a los problemas de las muchachas y muchachos de la calle. Por el contrario, su estadia en una carcel guatemalteca, por breve que sea, casi siempre contribuira a un mayor deterioro de su condicion.

 

Pedimos  al Presidente, al Vicepresidente, al Ministro de Relaciones Exteriores y a los miembros del Congreso de la Republica de Guatemala no solo poner fin a esos arrestos y encarcelamientos arbitrarios, sino tambien elaborar una politica de proteccionn y de reinsercion social para esas nin~as y nin~os, ofreciendoles refugios nocturnos seguros, asistencia medica,  formacion escolar y profesional, trabajo, asi como apoyar a las organizaciones no gubernamentales que estan trabajando con ellas y ellos.

 

Nos hemos enterado de la reciente creacion, por parte de la Procuraduria General de la Nacion y la Secretaria de Bienestar Social, de un albergue para brindar proteccionn a 50 nin~as y nin~os que sufren maltrato, desamparo y riesgo social.

 

Iniciativas de este tipo, aunque bienvenidas por ser tan necesarias, nunca seran suficientes, efectivas ni autenticas mientras las fuerzas de seguridad y los jueces persistan en la lesiva politica de arrestar y encarcelar arbitrariamente a nin~as y nin~os que deben sobrevivir en las calles, y mientras prevalezca en el pais la politica de "limpieza social" denunciada por organismos nacionales e internacionales que velan por el respeto a los derechos humanos, y ampliamente conocida por la comunidad internacional.

 

Sostenemos que no habra paz en Guatemala en tanto no haya paz para las muchachas y muchachos de la calle, el grupo social mas desprotegido y

humillado del pueblo de Guatemala.

 

Firmas

 

A las Asociaciones de Derechos Humanos de Guatemala

 

conadehgua@c.net.gt

cdhg@c.net.gt

opdhg@guatenet.net.gt

copredeh@guate.net

odhagua@pronet.net.gt

amnesty@oil.ca

cabrera@infovia.com.gt

minugua@guate.net

amnestyis@amnesty.org

chrla@igc.apc.org

fmmack@omega.net.gt

 

Pedimos su intervencion para defender los derechos de las muchachas y muchachos de la calle de la ciudad de Guatemala, victimas de arrestos y encarcelamientos arbitrarios que denunciamos en la siguiente carta mandada al presidente, vice-presidente, ministro de relaciones exteriores y miembros del congreso de Guatemala. Para proteger a nuestros correspondientes y a los ninos que dieron su testimonio no podemos revelar sus nombres, pero

Ustedes pueden confirmar facilmente la pertinencia de nuestra denuncia enunciada en la carta y ilustrada en la nota explicativa. La autoridad moral de su asociacion es bien preciosa y util para la proteccion de las ninas, ninos y jovenes de la calle

 

Firmas

 

Copia de la carta